lundi 2 novembre 2009

Liberté de construire

La France est un pays de liberté mais qui a besoin de 73 Codes divers et variés (si, si, 73, je vous assure, allez sur Légifrance),

C’est démoralisant ! Et j’ai de plus en plus l’impression qu’on a de moins en moins de liberté pour agir et notamment de « faire de l’Architecture ».

Mais le pire ce ne sont pas justement les codes, règlements et autres normes ; Non le pire ce sont les hommes et les femmes, soit disant au « service de l’Etat » ou simplement des collectivités, au nom de notre protection, notre sécurité, notre égalité… Laissez nous rire ! Souvent incapables de comprendre les textes qu’ils veulent nous imposer en encore plus souvent incapables d’en comprendre le sens, les raisons ou l’origine de leur création.

Tous ces instructeurs, contrôleurs, inspecteurs et autres gêneurs de liberté se croient du haut de leur incompétence, autorisés à juger notre Architecture.
Sans capacité d’adaptation aux contextes qui ont conduit à l’élaboration du projet. Sans capacité pour confronter les réglementations de leurs services vis à vis des services des bureaux voisins. Sans respect pour un client qui investi sont patrimoine et qui prend des risques partagés avec son architecte.
Juges suprêmes, sans possibilité de recours ni d’appel, ces preux chevaliers défenseurs du patrimoine émettent leur Avis à coups de glaive dans votre projet.

Les mêmes qui, il y a près d’un siècle, auraient censuré Le Corbusier et Mallet-Stevens. Le Louvre n’aurait jamais pu être construit au fil du temps. Les constructions modernes de Louis XIV n’auraient jamais été édifiées à coté de celles de Catherine de Médicis. L’Architecture contemporaine de Napoléon III n’auraient jamais été acceptée à coté de celles de Napoléon Ier et encore moins à coté de celles des Rois de France.
Seule les ministres et les présidents arrivent à construire des pyramides.

Bien-sûr ils vous expliquent : qu’ils n’ont rien contre votre projet, contemporain ou avant-gardiste ou encore classique…, au contraire…, mais que tout même, avec de la tuile plate et des fenêtres verticales à 6 carreaux, votre projet serait mieux ! Pas plus beau, non, mieux « intégré » . Mais attention, surtout pas de pastiche !

« Des Vélux de grande dimension dans la couverture ? Surtout pas, autrefois les fenêtres de toit (les vasistas) étaient de petites dimensions, plus haut que large » Mais Monsieur ou Madame le senseur, autrefois nous ne vivions pas dans les greniers. On construisait à l’horizontal. Maintenant pour des raisons économiques, on habite dans les greniers. Donc pour respecter les réglementations sur l’hygiène on augmente la taille des fenêtres de toit. De plus c’est plus agréable pour y vivre. Enfin, dans le cadre du développement durable il est nécessaire de limiter les emprises foncières construites, donc protéger les terrains libres. Pouvez-vous évoluer avec votre temps ?

L’Architecture a toujours évoluée en fonction des avancées technologiques et des besoins des hommes. Pourquoi figer les choses à notre époque ?

Ont-ils conscience que le patrimoine qu’ils prétendent défendre et qui fait la richesse architecturale de notre beau pays s’est construit sans eux et bien avant qu’ils n’existent ? D’ailleurs depuis que les ABF sont là, les plans d’occupations des sols appliqués (maintenant PLU), c’est bien plus beau… non ?
Regardez nos entrées de ville … Des bâtiments industriels destinées généralement aux commerces, avec une architecture uniforme, identique à Lille comme à Marseille, à Bordeaux comme à Strasbourg…
N’oublions pas que ces réussites urbanistiques ont été créées par ces fameux services de l’état, avec ces fameux instructeurs, contrôleurs, inspecteurs et autres gêneurs de liberté.

Alors, grâce à leur réglementation, nous quittons notre zone d’habitation le matin pour conduite nos enfants dans les zones d’éducation, nous partons ensuite dans les zones de travail (industrielles ou tertiaires), le soir nous retournons dans les zones d’éducation, nous faisons un tour dans les zones de commerce, si nous avons le temps malgré tous ces voyages nous pouvons faire une halte dans une zone de loisir avant de retourner dans notre zone d’habitation (dortoir). Très beau bilan carbone en terme de déplacement, belles pertes de temps, beaux risques accidentologiques…

Si nous osions émettre une critique … Nous étions de suite renvoyés à notre place de simple citoyen par les créateurs de ces aberrations, … comme par les élus d’ailleurs !

La maison Picassiette, celle du facteur Cheval ont été construite et transformées en toute liberté, sans autorisation administrative et maintenant admirées par beaucoup. Or le paradoxe est le suivant : maintenant que ces constructions sont classées, tout le secteur sur un rayon de 500 mètres est contrôlé et aucune nouvelle création intuitive et progressive n’est possible. L’artiste d’aujourd’hui devra préalablement déposer un permis de construire avec un projet finalisé, avec détail de finition des matériaux, couleurs définitives… Ceci passera dans la moulinette de l’administration française qui naturellement ne comprendra rien au projet, qui ne se retrouvera pas dans son règlement et finira éventuellement dans le meilleur des cas à juger en J’aime ou j’aime pas. Que faut-il vraiment faire autour de ces constructions situées dans des banlieues ? Construire façon XVIIIème, XIXème, XXème siècle ?

Heureux les peintres, sculpteurs, écrivains, cinéastes qui ne sont pas encore soumis à des censures administratives au moment de publier leurs créations.

Autre dérive que l’on constate hélas de plus en plus souvent, si nous souhaitons construire un projet, il n’est pas rare d’être préalablement reçu (pour ne pas dire convoqué) par différents services de la ville. Et là un chef de service vous demande de changer la couleur de cet élément. Un autre vous demande d’allonger les fenêtres de cet étage. Un troisième vous demande d’ajouter des petits bois aux vitrages et l’élargir la porte… Inutile de vous préciser que ces personnes ne sont pas des élus, ni issus des services d’instruction des permis de construire encore moins Architecte des Bâtiments de France et encore moins le client payeur. Non, chacun se sent légitime pour exprimer son avis sur le projet, sans scrupule vis à vis des clients ou des professionnels, sans respect pour la Loi de 1977 sur l’Architecture.

Pourtant je pense que les contraintes aiguisent la créativité et nous sont nécessaires, Mais la seule personne à qui je reconnaisse le droit de « trancher » sur le projet architectural, c’est le client qu’il nous faut convaincre, avec l’ABF, même si des fois ce n’est pas du gâteau ! »

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